Great Expectations Vol.3
Les Grandes
Espérances Vol.3
(French)
Author: Charles
Dickens 1861
Translator: Charles
Bernard-Derosne 1896
Translator/Editor: Nik Marcel 2016
English translated from French.
Copyright
© 2018 Nik Marcel
All
rights reserved.
A Bilingual (Dual-Language) Project
2Language Books
Les Grandes Espérances Vol.3
Chapitre 1
Le voyage de notre petite ville à la métropole dura environ cinq heures.
Il était un peu plus de midi lorsque l’autocar arriva à Londres.
M. Jaggers m’avait envoyé son adresse. C’était dans la Petite-Bretagne,
et il avait pris soin d’écrire sur sa carte: En sortant de Smithfield et près
de la gare routière.
J’avais à peine eu le temps d’apprécier le voyage quand je vis le taxi
se préparer à s’arrêter.
Effectivement, nous nous arrêtâmes bientôt dans une rue à l’aspect
sinistre, devant un certain bureau dont la porte était ouverte, et sur laquelle
on lisait: M. JAGGERS.
— Combien? demandai-je au chauffeur de taxi.
— Dix centimes, me répondit-il, à moins que vous ne vouliez donner
davantage.
Naturellement, je ne voulais pas donner davantage, et je le lui dis.
— Alors, c’est dix centimes, observa le chauffeur de taxi. Je ne veux
pas avoir de problèmes. Je le connais.
Il cligna de l’œil et secoua la tête en prononçant le nom de M. Jaggers.
J’entrai dans le bureau avec ma grande valise à la main, et je demandai
si M. Jaggers était chez lui.
— Il n’y est pas, répondit le clerc, il est à la Cour. Est-ce à M. Pip
que j’ai l’honneur de parler?
Je fis un signe affirmatif.
— M. Jaggers a dit que vous l’attendiez dans son cabinet. Il n’a pu dire
combien de temps il serait absent, ayant une cause en train; mais je suppose
que son temps étant très précieux, il ne sera que le temps strictement
nécessaire.
Sur ces mots, le clerc ouvrit une porte et me fit entrer dans une pièce
annexe.
Là, je trouvai un homme borgne, entièrement vêtu de velours. Cet
individu, se trouvant interrompu dans la lecture de son journal, s’essuya le
nez avec sa manche.
— Allez attendre dehors, Mike, dit le clerc.
Je commençai à balbutier que j’étais désolé de vous interrompre, quand
le clerc poussa l’individu dehors avec si peu de cérémonie que j’en fus tout
étonné. Puis, il me laissa seul.
Le cabinet de M. Jaggers recevait la lumière d’en haut. C’était un lieu
fort triste. La lucarne était fissurée, comme une tête cassée, et les maisons
voisines semblaient se pencher pour me regarder.
Il n’y avait pas autant de paperasses que je m’attendais à voir; mais il
y avait des objets singuliers que je ne m’attendais pas du tout à voir.
Par exemple, on pouvait voir un vieux pistolet rouillé, une épée dans
son fourreau, plusieurs boîtes et plusieurs paquets à l’aspect étrange, et sur
une tablette deux effroyables moules en plâtre, de figures particulièrement
enflées et tirées autour du nez.
Le fauteuil de M. Jaggers était recouvert en cuir noir et avait des
rangées de clous tout autour, comme un cercueil.
La pièce était petite, et les clients paraissaient avoir l’habitude de
s’appuyer contre le mur, car il était — surtout en face du fauteuil de M.
Jaggers — tout graisseux, sans doute par le frottement continuel des épaules.
Je me rappelais en effet que l’individu borgne s’était glissé contre la
muraille, quand j’avais été la cause innocente de son expulsion.
Je m’assis sur la chaise du client, placée tout contre le fauteuil de M.
Jaggers, et je fus fasciné par l’atmosphère lugubre du lieu.
Je m’étonnais de voir tant de vieilleries dans la chambre, et je me
demandais comment elles y étaient venues.
J’étais curieux de savoir si les deux figures enflées étaient de la
famille de M. Jaggers.
Je continuai à rester assis et à attendre dans le cabinet exigu de M.
Jaggers, jusqu’au moment où il me devint impossible de supporter la vue des
deux moules. Je me levai donc, et je sortis.
Quand je dis au clerc que j’allais faire un tour en attendant le retour
de M. Jaggers, il me conseilla d’aller jusqu’au bout de la rue, de tourner le
coin, et m’apprit que je me retrouverais dans la banlieue de Smithfield.
En effet, j’y fus bientôt. Cette ignoble place semblait me coller à la
peau.
Je sortis aussi vite que possible, et tournai dans une rue où j’aperçus
le grand dôme de Saint-Paul.
Il se trouvait derrière une construction lugubre. Un passant me dit que
c’était la prison de Newgate.
En suivant le mur de la prison, je trouvai le chemin couvert de paille,
pour étouffer le bruit des voitures. Je jugeai par là, et par le nombre de gens
qui traînaient, que la cour était en session.
Pendant que je regardais autour de moi, un employé de justice,
excessivement sale et à moitié ivre, me demanda si je ne désirais pas entrer
pour écouter un procès.
Je déclinai sa proposition, sous prétexte d’un rendez-vous.
Je passai à l’étude pour demander si M. Jaggers était rentré. Là, j’appris
qu’il était encore absent, et je sortis de nouveau.
Cette fois je fis le tour de la Petite-Bretagne.
J’appris que d’autres personnes que moi attendaient le retour de M.
Jaggers.
Il y avait deux hommes à l’aspect mystérieux qui flânaient dans le clos
Bartholomé. L’un disait à l’autre, au moment où ils passaient près de moi:
Jaggers le ferait si cela était à faire.
Il y avait un rassemblement de deux femmes et de trois hommes dans un
coin. Une des deux femmes pleurait, et l’autre la consolait en disant: —
Jaggers est pour lui, Amélia. Que veux-tu de plus?
Ensuite, un homme chauve survint. Il était accompagné d’un autre homme
chauve qu’il envoya faire une commission.
Je remarquai que cet homme, qui sans doute était d’un tempérament
nerveux, se livrait à une gigue d’impatience sous un réverbère, tout en
répétant ces mots: — Oh! Jaggers!... Jaggers!... Jaggers!... Tous les autres ne
valent rien! C’est Jaggers qu’il me faut.
Ces témoignages de la popularité de mon tuteur me firent une profonde
impression, et je l’admirai plus que jamais.
À la fin, en regardant à travers la grille de fer du clos Bartholomé,
dans la Petite Bretagne, je vis M. Jaggers. Il traversait la rue et venait de
mon côté.
Tous ceux qui l’attendaient le virent en même temps que moi. Ce fut un
véritable assaut!
M. Jaggers mit une main sur mon épaule, et me fit marcher à ses côtés
sans me dire une seule parole. Puis il s’adressa à ceux qui le suivaient.
Il commença par les deux hommes mystérieux:
— Je n’ai rien à vous dire, dit M. Jaggers. Je n’en veux pas savoir
davantage. Quant au résultat, c’est une pile ou face. Je vous ai toujours dit
que c’était une pile ou face!... Avez-vous payé Wemmick?
— Nous nous sommes procuré l’argent ce matin, monsieur, dit un des deux
hommes d’un ton soumis, tandis que l’autre interrogeait la physionomie de M.
Jaggers.
— Je ne vous demande ni quand ni comment vous vous l’êtes procuré....
Wemmick l’a-t-il?
— Oui, monsieur, répondirent les deux hommes en même temps.
— Très bien! Alors, vous pouvez vous en aller. Je ne veux plus rien
entendre! dit M. Jaggers en agitant sa main pour les renvoyer. Si vous me dites
un mot de plus, j’abandonnerai l’affaire.
— Nous avons pensé, monsieur Jaggers..., commença un des deux hommes en
ôtant son chapeau.
— C’est ce que je vous ai dit de ne pas faire, dit M. Jaggers. Vous avez
pensé... à quoi?… et pourquoi faire?... je dois penser pour vous. Si j’ai
besoin de vous, je sais où vous trouver. Je n’ai pas besoin que vous veniez me
trouver. Allons, assez, pas un mot de plus!
Les deux hommes se regardèrent pendant que M. Jaggers agitait sa main
pour les renvoyer; puis ils se retirèrent humblement sans proférer une parole.
— Et vous?! dit M. Jaggers, s’arrêtant tout à coup pour s’adresser aux
deux femmes, à celles que les trois hommes venaient de quitter. Oh! Amélia,
est-ce vrai?
— Oui, M. Jaggers.
— Et vous souvenez-vous, repartit M. Jaggers, que sans moi, vous ne
seriez pas et ne pourriez pas être ici?
— Oh! oui, monsieur! répondirent simultanément les femmes, que Dieu vous
protège, monsieur; nous ne le savons que trop bien!
— Alors, dit M. Jaggers, pourquoi venez-vous ici?
— Mon Bill, monsieur, dit la femme qui pleurait.
— Hein? dit M. Jaggers; une fois pour toutes, si vous ne pensez pas que
votre Bill soit en bonnes mains, je le sais, moi; et si vous veniez ici pour
m’ennuyer avec votre Bill, je ferai un exemple de vous et de votre Bill en le
laissant glisser entre mes doigts. Avez-vous payé Wemmick?
— Oh! oui, monsieur, jusqu’au dernier penny.
— Très bien. Alors vous avez fait tout ce que vous aviez à faire. Dites
un mot... un seul mot de plus... et Wemmick va vous rendre votre argent.
Cette terrible menace nous débarrassa immédiatement des deux femmes.
Il ne restait plus personne que l’homme chauve, qui avait déjà, à
plusieurs reprises, porté à ses lèvres le pan de l’habit de M. Jaggers.
— Je ne connais pas cet homme, dit M. Jaggers. Que veut cet individu?
— Mon cher monsieur Jaggers, je suis frère d’Abraham Lazaruz!
— Qu’est-ce? dit M. Jaggers; lâchez mon habit.
L’homme répliqua: — Abraham Lazaruz est soupçonné d’avoir volé de
l’argenterie.
— Vous êtes trop tard! dit M. Jaggers, trop tard! je suis pour l’autre
partie!
— Saint père! monsieur Jaggers... trop tard!... s’écria l’homme nerveux
en pâlissant, ne dites pas que vous êtes contre Abraham Lazaruz!
— Si... dit M. Jaggers, et c’est une affaire faite.... Allez-vous-en!
— Monsieur Jaggers, seulement une demi-minute. Mon cousin est en ce
moment auprès de M. Wemmick pour lui offrir quoi que ce soit. Monsieur Jaggers!
un quart de minute. Si vous avez reçu de l’autre partie une somme d’argent,
quelle qu’elle soit, l’argent n’est rien! Je vais vous offrir plus, Monsieur
Jaggers!... Monsieur!...
Mon tuteur se débarrassa de l’importun avec un geste de suprême
indifférence, et le laissa se trémousser sur le pavé comme s’il avait été
chauffé au rouge.
Nous gagnâmes le bureau sans plus d’interruption. Là, nous trouvâmes le
clerc et l’homme vêtu d’un costume de velours.
— Mike est là, dit le clerc en quittant son tabouret et s’approchant
confidentiellement de M. Jaggers.
— Oh! dit M. Jaggers en se tournant vers l’homme. Votre homme vient
cette après-midi, hein?
— Oui, en effet! M. Jaggers, dit Mike avec la voix d’un homme qui a un
rhume chronique; après bien de la peine, j’en ai trouvé un qui pourra faire
l’affaire.
— Qu’est-il prêt à jurer?
— Eh bien, Monsieur Jaggers, dit Mike en essuyant son nez avec sa
casquette de fourrure; en somme, je crois qu’il jurera n’importe quoi!
M. Jaggers devint tout à coup furieux.
— Alors, je vous ai averti plusieurs fois, dit-il en pointant un doigt
accusateur vers le client craintif, que si vous parlez de la sorte ici, je
ferais de vous un exemple. Comment osez-vous me parler ainsi, espèce de
scélérat incompétent!
Le client parut effrayé, et en même temps déconcerté.
— Cruche! dit le clerc en lui donnant un coup de coude, tête creuse! Ne
le lui dites pas en face!
— Alors, répondez-moi simplement, espèce de méchant coquin, dit mon
tuteur d’un ton sévère: encore une fois, et pour la dernière fois, qu’est-ce que
l’homme que vous m’amenez est prêt à jurer?
Mike regardait mon tuteur dans le blanc des yeux; puis il répliqua
lentement: — Il fournira un certificat de bonne vie et mœurs, ou bien il jurera
qu’il a passé toute la nuit avec la personne en question.
— Alors, faites bien attention: dans quelle position sociale est cet
homme?
Mike regardait tantôt sa casquette, tantôt le plancher, tantôt le
plafond; puis il tourna les yeux vers moi et vers le clerc. Finalement, il
commença sa réponse: — Nous l’avons habillé comme...
Mon tuteur s’écria tout à coup: — Comment! Qu’est-ce que vous avez fait?
— Cruche!... ajouta le clerc en lui donnant encore une fois un coup de
coude.
Après de nouvelles hésitations, Mike recommença: — Il a l’air assez
respectable. Il est habillé comme un pâtissier.
— Est-il là? demanda M. Jaggers.
— Je l’ai laissé, répondit Mike, assis sur le pas d’une porte au coin de
la rue.
— Faites-le passer devant cette fenêtre, afin que je puisse le voir.
Tous les trois, nous nous approchâmes de la fenêtre.
Nous vîmes le client passer en compagnie d’un escogriffe à l’air
sinistre, vêtu de blanc et portant un chapeau en papier. Ce gugusse était loin
d’être sobre, et il avait un œil au beurre noir.
— Dites-lui de se débarrasser de l’ivrogne, dit mon tuteur au clerc avec
un profond dégoût, et demandez-lui ce qu’il veut que je fasse avec ce voyou.
Mon tuteur m’emmena ensuite dans son propre appartement, et, tout en
déjeunant avec des sandwiches et un flacon de Sherry, il m’apprit les
dispositions qu’il avait prises pour moi.
Je devais me rendre à l’Hôtel Barnard, chez M. Pocket junior, où un lit
avait été préparé pour moi. Je devais rester avec M. Pocket junior jusqu’au
lundi; et, ce jour-là je devais me rendre avec lui chez M. Pocket senior, afin
de pouvoir décider si je pourrais m’y plaire.
J’appris aussi quelle serait ma pension. Elle était fort convenable. Mon
tuteur me donna les adresses de plusieurs négociants auxquels je devais
recourir pour mes vêtements et tout ce dont je pourrais avoir besoin.
— Vous serez satisfait du crédit qu’on vous accordera, monsieur Pip, dit
mon tuteur; mais je serai toujours à même de suspendre votre pension, si vous
avez des démêlés avec la justice. Il est certain que vous tournerez mal d’une
façon ou d’une autre, mais ce n’est pas de ma faute.
Après avoir réfléchi sur cette opinion encourageante, je demandai à M.
Jaggers si je devrais prendre un taxi.
Il me répondit que cela n’en valait pas la peine, que j’étais très près
de ma destination, et que Wemmick m’accompagnerait si je le désirais.
J’appris alors que Wemmick était le clerc que j’avais vu dans l’étude.
On sonna un autre clerc pour prendre la place de Wemmick.
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