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Nik Marcel (2Language Books)

Thursday 1 November 2018

Great Expectations Vol.4 (French)


Great Expectations Vol.4
Les Grandes Espérances Vol.4
(French)
Author: Charles Dickens 1861
Translator: Charles Bernard-Derosne 1896
Translator/Editor: Nik Marcel 2016
English translated from French.
Copyright © 2018 Nik Marcel
All rights reserved.
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Les Grandes Espérances Vol.4

Chapitre 1

Le matin, après avoir examiné la question, tout en m’habillant au Sanglier bleu, je résolus de dire à mon tuteur que je ne savais pas trop si Orlick était le genre d’homme qui convenait pour remplir un poste de confiance chez miss Havisham.
— Sans doute, il n’est pas le genre d’homme qu’il faut, Pip, dit mon tuteur, parce que l’homme qui remplit un poste de confiance n’est jamais le genre d’homme qu’il faut.
Il sembla ravi de trouver que ce poste en particulier n’était pas tenu par quelqu’un du genre qu’il fallait; et il m’écouta d’un air satisfait pendant que je lui racontais ce que je savais d’Orlick.
— Très bien, Pip, dit-il quand j’eus fini, je passerai tout à l’heure pour renvoyer notre ami.
Un peu alarmé par cette réponse rapide, j’opinai pour un peu de délai. J’indiquai que notre ami peut être difficile à manier.
— Oh! allons donc! dit mon tuteur, je voudrais le voir discuter de la question avec moi!
Comme nous devions retourner ensemble à Londres par l’autobus de midi, je lui dis que j’avais besoin de marcher et que j’irais en avant sur la route de Londres, s’il voulait bien prévenir le chauffeur d’autobus que je reprendrais ma place quand l’autobus me rejoindrait.
Je pus ainsi fuir le Sanglier bleu aussitôt après le petit déjeuner.
En faisant un détour de plusieurs kilomètres, en pleine campagne, derrière la propriété de Pumblechook, je retombai dans la grande rue, un peu au-delà de ce traquenard, et je me sentis relativement en sécurité.
J’étais heureux de me retrouver dans la vieille et silencieuse ville, et il ne m’était pas trop désagréable de me voir, par-ci par-là, reconnu et lorgné.
Un ou deux boutiquiers sortirent même de leurs boutiques, et marchèrent un peu en avant de moi, afin de pouvoir se retourner, comme s’ils avaient oublié quelque chose, et se trouver face à face avec moi.
Toujours est-il que ma position me semblait une position distinguée, et que je n’en étais pas du tout mécontent, quand le sort jeta sur mon chemin ce scélérat sans nom, le garçon du tailleur.
En regardant devant moi, j’aperçus ce garçon, qui approchait en se frappant avec un grand sac bleu.
Quand je passai à côté de lui, ses dents claquèrent à grand bruit, et il se prosterna dans la poussière.
C’était une chose difficile à supporter, mais ça n’était rien.
Je n’avais pas fait deux cents pas, quand, à mon inexprimable terreur, à mon grand étonnement et à ma profonde indignation, je vis de nouveau le garçon de Trabb qui approchait.
Il venait de tourner le coin d’une rue. Son sac bleu était accroché sur son épaule.
Cette fois, il courut autour de moi tout en chancelant, les genoux faibles et tremblants, et les mains levées comme pour demander grâce.
Les spectateurs étaient particulièrement enchantés. Quant à moi, j’étais complètement confondu.
Je n’avais pas dépassé de beaucoup la poste, quand de nouveau j’aperçus le garçon de Trabb.
Cette fois, il était entièrement changé. Il portait le sac bleu de la manière dégagée dont je portais mon pardessus.
Il était suivi par une foule joyeuse de jeunes amis, auxquels il criait de temps en temps, en agitant la main: — Je ne vous connais pas! je ne vous connais pas!
Son ignominieux cortège se mit immédiatement à pousser des cris et à me poursuivre sur le pont. Je quittai la ville, et ils me poursuivirent dans la campagne.
Je ne sais réellement pas ce que j’aurais pu faire. Lui chercher querelle dans la rue aurait été futile et dégradant.
En outre, c’était un garçon que personne ne pouvait atteindre; un serpent invulnérable et astucieux, qui, traqué dans un coin, s’échappait entre les jambes de celui qui le poursuivait, en sifflant dédaigneusement.
J’écrivis cependant, par le courrier du lendemain, à M. Trabb pour lui dire que M. Pip se devait de cesser à l’avenir tout rapport avec un homme qui pouvait employer un garçon comme lui.
L’autobus, portant M. Jaggers et nos bagages, arriva en temps opportun.
Je repris donc ma place et j’arrivai à Londres, sauf, mais non sain, car mon cœur était déchiré.
Dès mon arrivée, j’envoyai une boîte d’huîtres à Joe, en réparation de ce que je n’étais pas allé lui faire une visite. Puis, je me rendis à l’hôtel Barnard.
Je trouvai Herbert en train de dîner avec des viandes froides, et enchanté de me revoir.
Ayant envoyé le Vengeur au théâtre, je sentis que je devais ouvrir mon cœur à mon camarade ce soir-là.
Quand nous eûmes fini de dîner, je lui dis: — Mon cher Herbert, j’ai quelque chose de très particulier à vous communiquer.
— Mon cher Haendel, répondit-il, j’écouterai avec attention ce que vous voudriez me dire.
— Cela me concerne, Herbert, dis-je, ainsi qu’une autre personne.
Herbert se croisa les pieds, regarda le feu, la tête penchée de côté, et, l’ayant vainement regardé pendant un moment, il me regarda de nouveau, parce que je ne continuais pas.
— Herbert, dis-je en mettant ma main sur son genou, j’aime... j’adore… Estelle.
Au lieu d’être abasourdi, Herbert répliqua comme si ce n’était rien: — C’est exact! Et alors?
— Et alors, Herbert? Est-ce là tout ce que vous avez à dire: Et alors?
— Et après? voulais-je dire, dit Herbert. Il va sans dire que je sais cela.
— Comment savez-vous cela? dis-je.
— Comment je le sais, Haendel?... Mais par vous.
— Je ne vous l’ai jamais dit.
— Vous ne me l’avez jamais dit!... Vous ne m’avez jamais dit non plus quand vous vous êtes fait couper les cheveux, mais j’ai eu assez d’intelligence pour m’en apercevoir.
Vous l’avez toujours adorée, depuis que je vous connais. Vous êtes arrivé ici avec votre adoration et votre grande valise! En me racontant votre propre histoire, vous m’avez dit clairement que vous aviez commencé à l’adorer la première fois que vous l’aviez vue, quand vous étiez tout jeune.
— Très bien, alors, dis-je, nullement fâché de cette nouvelle lumière jetée sur mon cœur. Je n’ai jamais cessé de l’adorer, et elle est devenue la plus belle et la plus adorable des créatures. Je l’ai vue hier, et si je l’adorais déjà, je l’adore doublement maintenant.
— Il est heureux pour vous alors, Haendel, dit Herbert, que vous ayez été choisi pour elle. Sans nous occuper de ce qu’il nous est défendu de rechercher, nous pouvons nous risquer à dire qu’il ne peut y avoir de doute sur ce point. Mais savez-vous ce qu’Estelle pense de cette adoration?
Je secouai tristement la tête.
— Oh! elle est si loin d’ici, dis-je.
— Patience, mon cher Haendel. Vous avez assez de temps... vous avez beaucoup de temps! Mais vous avez encore quelque chose à me dire?
— Je suis honteux de le dire, répondis-je, et pourtant il n’y a pas plus de mal à le dire qu’à le penser: vous m’appelez un type chanceux... sans doute je le suis. Hier, je n’étais qu’un pauvre garçon de forge. Aujourd’hui, je suis... quoi?...
— Dites un bon type, si vous voulez finir votre phrase, répondit Herbert en souriant et en serrant mes mains; un bon garçon; un curieux mélange d’impétuosité et d’hésitation, de hardiesse et de défiance, d’animation et de rêverie.
Je m’arrêtai un instant pour considérer si mon caractère contenait réellement un pareil mélange. Dans l’ensemble, j’étais en désaccord avec l’analyse; mais je pensais que cela ne valait pas la peine d’être discuté.
— Quand je demande ce que je suis aujourd’hui, Herbert, continuai-je, je traduis en parole la pensée qui me préoccupe le plus. Vous dites que je suis chanceux. Je sais que je n’ai rien fait pour m’élever, et que c’est la fortune seule qui a tout fait. Je suis chanceux, et pourtant quand je pense à Estelle....
— Et quand vous n’y pensez pas, êtes-vous plus tranquille? interjeta Herbert, les yeux fixés sur le feu, ce qui me parut très sympathique de sa part.
—... Alors, mon cher Herbert, je ne peux pas vous dire à quel point je me sens vulnérable et effrayé.
Tout en évitant le terrain défendu, comme vous l’avez fait tout à l’heure, je puis encore dire que toutes mes espérances dépendent d’une personne — sans nommer personne —, et m’affliger de voir ces espérances encore si vagues et si indéfinies.
En disant cela, je soulageai mon esprit de tout ce qui l’avait toujours tourmenté plus ou moins; mais, sans nul doute, depuis la veille plus que jamais.
— Maintenant, Haendel, répliqua Herbert de son ton gai et encourageant, il me semble que les angoisses d’une tendre passion nous font regarder le défaut de notre cheval avec une loupe, et détournent notre attention de ses bonnes qualités.
Ne m’avez-vous pas raconté que votre tuteur, M. Jaggers, vous avait dit, au début, que vous n’aviez pas que des espérances?
Et même s’il ne vous l’avait pas dit, ne pensez-vous pas que de tous les hommes de Londres, M. Jaggers serait le dernier à continuer son association avec vous, s’il n’était pas sûr de son terrain?
Je répondis que je ne pouvais nier que ce fût là un bon point; et, comme il arrive souvent en pareil cas, je le dis comme si j’avais réprimé le besoin de le nier!
— Je crois bien que c’est un bon point, dit Herbert. Vous aurez bientôt vingt et un ans. Peut-être alors recevrez-vous quelque éclaircissement. Dans tous les cas, vous serez plus près de le recevoir, car il faut que cela vienne un jour.
— Quel charmant caractère vous avez, dis-je avec reconnaissance.
— Ce doit être, dit Herbert, car je n’ai pas grand-chose d’autre. Cependant, je dois reconnaître que le bon sens de ce que je viens de dire n’est pas de moi, mais de mon père.
La seule remarque que je l’ai jamais entendu faire sur votre situation, c’est cette conclusion: La chose est faite et arrangée, sinon M. Jaggers ne s’en mêlerait pas.
Et maintenant, avant d’en dire davantage sur mon père, ou le fils de mon père, j’éprouve le besoin de me rendre sérieusement désagréable… positivement repoussant.
— Vous n’y réussirez pas, dis-je.
— Oh! si! dit-il. Une... deux... trois... et je commence, Haendel, mon bon ami. Je viens de penser à quelque chose. Votre mariage avec Estelle ne peut être assurément une condition de votre héritage, si votre tuteur ne vous en a jamais parlé.
Ai-je raison de comprendre qu’il n’a jamais fait allusion à elle, en aucune manière, directement ou indirectement; que votre protecteur pouvait avoir des vues quant à votre mariage futur?
— Jamais!
— Maintenant, Haendel, je ne veux pas vous faire de peine, sur mon âme et sur mon honneur! Ne lui étant pas engagé, ne pouvez-vous pas vous détacher d’elle? Je vous ai dit que j’allais être désagréable.
Je détournai la tête, car quelque chose de glacial et d’inattendu fondait sur moi, comme le vent des vieux marais venant de la mer — un sensation pénible comme celle qui m’avait subjugué le matin où j’avais quitté la forge, quand le brouillard se levait, et quand j’avais mis la main sur le poteau indicateur de notre village —, fit de nouveau battre mon cœur.
Il y eut entre nous un silence de quelques instants.
— Oui, mais mon cher Haendel, continua Herbert, comme si nous avions parlé au lieu de garder le silence, elle a pris racine dans votre cœur vulnérable.
Songez à la manière dont elle a été élevée, et songez à miss Havisham. Songez à sa vie. Mais voilà que je deviens repoussant et que vous me haïssez… cela peut mener à des choses terribles.
— Je suis d’accord avec vous, Herbert, repris-je, mais je ne puis m’empêcher de l’aimer.
— Vous ne pouvez pas vous en détacher?
— Non, cela est impossible!
— Vous ne pouvez pas essayer, Haendel?
— Non, c’est impossible pour moi de le faire!
— Eh bien! dit Herbert en se levant et se secouant, comme s’il avait dormi, et se mettant vivement à remuer le feu, maintenant, je vais essayer de devenir agréable!
Il fit le tour de la chambre, secoua les rideaux, mit les chaises à leur place, rangea les livres et tout ce qui traînait, regarda dans le vestibule, jeta un coup d’œil dans la boite aux lettres, ferma la porte et revint prendre sa place au coin du feu, où il s’assit, en berçant sa jambe gauche entre ses deux bras.
— Je vais vous dire un ou deux mots, Haendel, touchant mon père et le fils de mon père. Je crains qu’il soit à peine nécessaire, pour le fils de mon père, de vous faire remarquer que l’établissement de mon père n’est pas tenu d’une façon bien brillante.
— Il y a toujours plus qu’il ne faut, Herbert, dis-je, pour dire quelque chose d’encourageant.
— Oh! oui; c’est aussi ce que dit le balayeur et aussi le marchand de poisson, qui demeure dans la rue qui se trouve derrière. Sérieusement, Haendel, car le sujet est assez sérieux, vous le savez très bien.
Puis-je vous demander si vous avez eu l’occasion de remarquer que les enfants nés de mariages inappropriés sont toujours pressés de se marier?
Cette question était si singulière, que je lui demandai en retour: — En est-il ainsi?
— Je ne sais pas, dit Herbert, et c’est ce que j’ai besoin de savoir, parce que c’est positivement le cas avec nous.
Ma pauvre sœur Charlotte, qui venait après moi et qui est morte avant sa quatorzième année, en est un exemple frappant.
La petite Jane est de même. Son désir d’être une épouse pourrait vous faire croire qu’elle a passé sa courte existence dans la contemplation perpétuelle du bonheur domestique.
Le petit Alick a déjà fait des arrangements pour son union avec une jeune personne très convenable de Kew; et, en vérité, je pense qu’à l’exception du bébé, nous sommes tous fiancés.
— Alors, vous l’êtes aussi? dis-je.
— Je le suis, dit Herbert, mais c’est un secret.
Je l’assurai de ma discrétion, et je le priai de me donner plus de détails. Il avait parlé avec tant de délicatesse de ma faiblesse, que j’avais besoin de savoir quelque chose de sa force.
— Puis-je demander le nom de la personne? dis-je.
— Elle s’appelle Clara, dit Herbert.
— Habite-t-elle Londres?
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